Association de l’exposition prénatale à la consommation d’alcool et au tabagisme maternels avec le risque de mortinatalité
Abstrait
Importance Le tabagisme prénatal est un facteur de risque modifiable connu pour la mortinatalité ; cependant, la contribution de la consommation prénatale ou de la combinaison du tabagisme et de la consommation d’alcool est incertaine.
Objectif Examiner si l’exposition prénatale à l’alcool et aux cigarettes de tabac est associée au risque de mortinaissance.
Conception, cadre et participants L’étude Safe Passage était une étude de cohorte longitudinale prospective avec collecte de données menée entre le 1er août 2007 et le 31 janvier 2015. Des femmes enceintes du Cap, d’Afrique du Sud, et de la région des plaines du nord des États-Unis ont été recrutées et suivies tout au long de la grossesse. L’analyse des données a été effectuée du 1er novembre 2018 au 20 novembre 2020.
Exposition Consommation maternelle d’alcool et de tabac pendant la période prénatale.
Les principaux critères de jugement étaient la mortinaissance, définie comme la mort fœtale à 20 semaines ou plus de gestation, et la mortinatalité tardive, définie comme la mort fœtale à 28 semaines de gestation ou plus. La consommation autodéclarée d’alcool et de tabac a été saisie lors de l’entrevue de recrutement et jusqu’à 3 visites prévues pendant la grossesse. Les participantes ont été suivies pendant la grossesse pour obtenir le résultat de l’accouchement.
Résultats Sur 11663 grossesses (âge gestationnel moyen [ET] au moment de l’inscription, 18,6 [6,6] semaines) chez 8506 femmes dont l’issue de la grossesse était connue à 20 semaines de gestation ou plus et qui n’ont pas interrompu leur grossesse, il y a eu 145 mortinaissances (12,4 pour 1000 grossesses) et 82 mortinaissances tardives (7,1 pour 1000 grossesses). Au total, 59 % des grossesses ont eu lieu chez des femmes d’Afrique du Sud, 59 % chez des femmes multiraciales, 23 % chez des femmes blanches, 17 % chez des femmes amérindiennes et 0,9 % chez des femmes d’autres races. Au total, 8 % avaient plus de 35 ans. Dans 51% des grossesses, les femmes n’ont déclaré aucune exposition à l’alcool ou à la cigarette de tabac (risque de mortinaissance, 4 pour 1000 grossesses). Après le premier trimestre, 18 % buvaient et fumaient (risque de mortinaissance, 15 pour 1000 naissances), 9 % ne buvaient que (risque de mortinaissance, 10 pour 1000 grossesses) et 22 % fumaient uniquement (risque de mortinaissance, 8 pour 1000 grossesses). Par rapport au groupe de référence (grossesses non exposées avant la naissance ou sans exposition après le premier trimestre), le risque relatif ajusté de mortinatalité tardive était de 2,78 (IC à 98,3 %, 1,12-6,67) pour les grossesses exposées à la consommation d’alcool et au tabac avant la naissance, de 2,22 (IC à 98,3 %, 0,78-6,18) pour les grossesses exposées à la consommation d’alcool avant la naissance seulement après le premier trimestre, et de 1,60 (IC à 98,3 %, 0,64-3,98) pour les grossesses exposées au tabagisme avant la naissance seulement après le premier trimestre. Le risque relatif ajusté pour toutes les mortinaissances était de 1,75 (IC à 98,3 %, 0,96-3,18) pour une double exposition, de 1,26 (IC à 98,3 %, 0,58-2,74) pour la consommation d’alcool uniquement et de 1,27 (IC à 98,3 %, 0,69-2,35) pour le tabagisme uniquement par rapport au groupe de référence.
Conclusions et pertinence Ces résultats suggèrent que la combinaison de la consommation d’alcool et du tabagisme après le premier trimestre de la grossesse, par rapport à l’absence d’exposition ou à l’abandon avant la fin du premier trimestre, peut être associée à un risque significativement accru de mortinatalité tardive.