Épidémiologie et étiologie : tenir une position périphérique au sein d’une clique impopulaire : un facteur de risque longitudinal pour l’estime de soi des adolescents précoces
Ce résumé a été présenté lors de l’assemblée annuelle 2018 de la Society for Prevention Research qui s’est tenue du 29 mai au 1er juin 2018 à Washington, DC, États-Unis.
Olivier Gaudet Université du Québec à Montréal
Marie-Hélène Véronneau Université du Québec à Montréal; Johanne Saint-Charles Université du Québec à Montréal; Cécile Mathys Université de Liège
Introduction: Le début de l’adolescence se caractérise par une baisse de l’estime de soi. En parallèle, les adolescents accordent une plus grande valeur à la popularité et à l’affiliation à un groupe d’amis, appelé une clique (Brown et coll., 2009; Valente, 2010). La littérature montre que faire partie d’un groupe de pairs impopulaire est lié à une faible estime de soi (Brown et coll., 1987). En outre, les jeunes appartiennent à une hiérarchie sociale au sein de leur clique, qui peut être estimée avec un score de centralité. Nous avons émis l’hypothèse que les jeunes qui occupent un poste périphérique au sein de cette hiérarchie sont plus susceptibles de connaître une diminution de l’estime de soi que les membres centraux. En outre, nous supposons qu’être un membre périphérique d’une clique est un facteur de risque qui pourrait entraîner une plus grande baisse de l’estime de soi pour les jeunes qui font partie d’une clique impopulaire que pour ceux qui font partie des cliques populaires.
Le but de cette étude est d’explorer l’effet de modération de la popularité de la clique sur le lien entre la centralité et l’estime de soi des adolescents sur une période d’un an. Nous avons contrôlé pour l’âge, le sexe, la popularité individuelle et l’estime de soi à la ligne de base.
Méthode : 470 adolescents (54 % de filles, âge moyen de 13 ans) en 1ère et 2e années d’une école secondaire en Belgique ont été évalués deux fois, soit un an d’intervalle. Une version Français de l’échelle d’estime de soi de Rosenberg (1965) évaluait l’estime de soi (10 articles, α= 0,81). Les amitiés entre les participants ont été identifiées par le biais de nominations réciproques à la question « Qui aimez-vous le plus parmi vos camarades de classe? » Des cliques ont été identifiées à l’aide de l’algorithme Girvan-Newman de UCINET 6 (Borgatti et al., 2014). Un score de centralité a été calculé pour chaque membre de la clique à l’aide de UCINET 6. Les nominations par les pairs les plus populaires et les moins populaires à la question « Qui sont les plus et les moins populaires parmi vos camarades de classe? » ont été combinées pour évaluer la popularité des participants. La popularité de la clique a été calculée à partir de la moyenne des scores de popularité des membres de la clique. Toutefois, ce calcul excluait le participant cible. Les scores de popularité de la centralité et de la clique ont été dichotomies en utilisant moins un écart type comme seuil, afin d’isoler les membres périphériques et les cliques impopulaires.
Résultats : L’analyse de modération sur Mplus 7.0 a montré que la centralité a prédit positivement l’estime de soi au fil du temps (β= 0,35, p< .01) et que la popularité de la clique a modéré négativement ce lien (β= -.47, p< .01). Une analyse plus poussée a montré que seuls les adolescents périphériques au sein de cliques impopulaires étaient susceptibles de connaître une diminution de l’estime de soi sur un an.
Conclusion : Ces résultats soulignent que les adolescents périphériques d’une clique impopulaire sont particulièrement à risque de éprouver une faible estime de soi au fil du temps. Cela indique que les efforts de prévention devraient cibler cette catégorie de jeunes afin de faire face à l’influence négative de ce contexte social à risque sur leur estime de soi.