Estimations mondiales, régionales et nationales de la prévalence de la violence physique ou sexuelle, ou des deux, entre partenaires intimes à l’égard des femmes en 2018
Résumé
Arrière-plan
La violence entre partenaires intimes à l’égard des femmes est un problème de santé publique mondial qui a de nombreux effets à court et à long terme sur la santé physique et mentale des femmes et de leurs enfants. Les objectifs de développement durable (ODD) appellent à son élimination dans la cible 5.2. Pour suivre les progrès des gouvernements vers la cible 5.2 des ODD, cette étude visait à fournir des estimations de référence mondiales, régionales et nationales de la violence physique ou sexuelle, ou des deux, à l’égard des femmes par des partenaires intimes masculins.
Méthode
Cette étude a élaboré des estimations mondiales, régionales et nationales, basées sur les données de la base de données mondiale de l’OMS sur la prévalence de la violence à l’égard des femmes. Ces données ont été identifiées grâce à une revue systématique de la littérature en effectuant des recherches dans MEDLINE, Global Health, Embase, Social Policy et Web of Science, ainsi que dans des recherches exhaustives dans les statistiques nationales et d’autres sites Web. Un processus de consultation par pays a permis d’identifier des études supplémentaires. Les études incluses ont été menées entre 2000 et 2018, représentatives au niveau national ou infranational, incluaient des femmes âgées de 15 ans ou plus et utilisaient des mesures basées sur les actes de violence physique ou sexuelle, ou les deux, entre partenaires intimes. Les données non fondées sur la population, y compris les données administratives, les études qui ne peuvent pas être généralisées à l’ensemble de la population, les études dont les résultats ne fournissaient que la prévalence combinée de la violence physique ou sexuelle, ou des deux, avec d’autres formes de violence entre partenaires intimes, et les études dont les données étaient insuffisantes pour permettre l’extrapolation ou l’imputation ont été exclues. Nous avons développé un modèle bayésien à plusieurs niveaux pour estimer conjointement la violence entre partenaires intimes au cours de la vie et de l’année écoulée par âge, année et pays. Ce cadre a été ajusté pour tenir compte de groupes d’âge hétérogènes et de différences dans la définition des résultats, et a pondéré les enquêtes selon qu’elles étaient représentatives à l’échelle nationale ou infranationale. Cette étude est enregistrée auprès de PROSPERO (numéro CRD42017054100).
Résultats
La base de données comprend 366 études éligibles, capturant les réponses de 2 millions de femmes. Les données ont été obtenues dans 161 pays et régions, couvrant 90% de la population mondiale de femmes et de filles (15 ans ou plus). À l’échelle mondiale, on estime que 27 % (intervalle d’incertitude [UI] 23 à 31 %) des femmes entre partenaires entre partenaires et âgées de 15 à 49 ans ont subi de la violence physique ou sexuelle, ou les deux, au cours de leur vie, et 13 % (10 à 16 %) en ont été victimes au cours de la dernière année avant d’être interrogées. Cette violence commence tôt, touchant les adolescentes et les jeunes femmes, avec 24 % (UI 21-28%) des femmes âgées de 15 à 19 ans et 26% (23-30%) des femmes âgées de 19 à 24 ans ayant déjà subi cette violence au moins une fois depuis l’âge de 15 ans. Il existe des variations régionales, les pays à faible revenu ayant déclaré une prévalence plus élevée au cours de la vie et, plus prononcée encore, une prévalence plus élevée au cours de l’année écoulée par rapport aux pays à revenu élevé.
Interprétation
Ces résultats montrent que la violence entre partenaires intimes à l’égard des femmes était déjà très répandue dans le monde entier avant la pandémie de COVID-19. Les gouvernements ne sont pas sur la bonne voie pour atteindre les cibles des ODD sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles, malgré des preuves solides que la violence entre partenaires intimes peut être évitée. Il est urgent d’investir dans des interventions multisectorielles efficaces, de renforcer la réponse de santé publique à la violence entre partenaires intimes et de veiller à ce qu’elle soit prise en compte dans les efforts de reconstruction post-COVID-19.
Financement
Département du Développement international du Royaume-Uni par l’intermédiaire du Programme conjoint ONU Femmes-OMS sur le renforcement des données sur la violence à l’égard des femmes et du Fonds des Nations Unies pour la population-UNICEF-OMS-Banque mondiale Programme spécial de recherche, de développement et de formation à la recherche en reproduction humaine, un programme coparrainé exécuté par l’OMS.