Prédicteurs du niveau d’instruction dans un échantillon Français-canadien
Marie-Hélène Veronneau, Lisa Serbin, Kathleen Kennedy-Turner, Dale M. Stack, Alex Schwartzman, Jane Ledingham
Introduction: Le niveau d’instruction prédit la santé et le bien-être tout au long de la vie. Bien que le niveau d’instruction soit relativement stable d’une génération à l’autre, les politiques gouvernementales peuvent faciliter l’accès à l’éducation et aider à briser le cycle de la pauvreté chez certains jeunes. Par exemple, la Révolution tranquille qui s’est produite au Québec (Canada) dans les années 1960 a rendu l’enseignement supérieur plus accessible en créant des programmes de cégep plus courts et moins chers que l’université, et en réduisant les frais de scolarité universitaires. Cette étude examine les facteurs individuels, familiaux et de voisinage qui ont contribué au niveau d’instruction d’un échantillon de jeunes défavorisés qui ont fréquenté l’école peu après la Révolution tranquille.
Méthode: En 1976-1978, des enfants de quartiers défavorisés de Montréal, au Canada, ont fait l’objet d’un dépistage des comportements à risque lorsqu’ils étaient en 1re, 4e ou 7e année. Les caractéristiques comportementales — agressivité, retrait et jouabilité — ont été mesurées à l’aide d’une procédure de mise en candidature par les pairs (Pekarik, 1976) et normalisées selon le sexe. La compétence académique a été mesurée à l’aide de tests de rendement normalisés dans un sous-échantillon de participants. Le risque de voisinage était un total de % de ménages à faible revenu, % de familles dirigées par un seul parent et de % de ménages ayant des chômeurs dans son quartier, selon les données du recensement. Nous avons mesuré l’absence du père à la maison avec les données de l’entrevue. Enfin, nous avons évalué la parentalité précoce en utilisant l’âge au 1er enfant à partir des données de l’entrevue lorsque les participants étaient dans la vingtaine ou la trentaine (normalisés selon le sexe). Le niveau de scolarité provenait des dossiers gouvernementaux en 2003-2006. À partir de l’échantillon initial (n = 4109), les analyses actuelles ne comprenaient que les participants ayant des données valides sur les compétences scolaires et qui ont déclaré être parent (n=1067).
Résultats: Nous avons effectué des régressions multinomielles avec un niveau d’instruction variable dépendant, codé en 5 groupes : (1) décrocheurs du secondaire, (2) diplômés du secondaire, (3) inscrits au cégep, (4) diplômés du cégep, (5) inscrits universitaires et complets combinés (catégorie de référence). La compétence académique était le prédicteur le plus cohérent, ce qui permettait de distinguer tous les groupes de la catégorie de référence. La parentalité précoce a suivi, ce qui a permis de différencier les groupes 1, 2 et 3 (marginaux) du groupe de référence. Enfin, le fait d’être un homme et de présenter un comportement agressif distinguait davantage les décrocheurs du secondaire des étudiants universitaires.
Discussion: Dans cet échantillon défavorisé, le prédicteur le plus efficace du niveau de scolarité était la compétence académique dans l’enfance. Du point de vue de la prévention, ces résultats suggèrent que les interventions précoces renforçant les compétences scolaires à l’école primaire pourraient avoir des résultats scolaires bénéfiques à long terme. À cette fin, le dépistage précoce des difficultés scolaires des enfants peut être facilement intégré dans les systèmes scolaires à l’aide d’informations facilement accessibles (p. ex., résultats de tests normalisés). La parentalité précoce était le deuxième prédicteur le plus fiable du faible niveau d’instruction. À la lumière de cette constatation, l’amélioration des programmes d’éducation sexuelle dans les écoles secondaires pourrait mener non seulement à des avantages pour la santé, mais aussi à de meilleurs résultats scolaires, du moins pour les jeunes défavorisés.
Ce résumé a été soumis à l’assemblée annuelle 2017 de la Society for Prevention Research.